Violentomètre autistique » : un outil inédit pour repérer les violences invisibles
INCLUSIVITÉ • « Fais un effort », « tu exagères », « adapte-toi »… Ces phrases banales peuvent pourtant être des formes de violence psychologique envers les personnes autistes. Pour les aider à mettre des mots sur ce qu’elles vivent au quotidien, un nouvel outil a été créé : le « violentomètre autistique ».
Un outil pour révéler l’invisible
En France, environ 700 000 personnes sont concernées par les troubles du spectre autistique, selon Autisme Info Service. Bien que souvent invisibles, ces troubles exposent les personnes autistes à un quotidien semé de remarques, de jugements ou de comportements inadaptés.
Face à cette réalité, le cabinet Thérapie Autisme a développé un « violentomètre » dédié, imaginé par Claire Mallet et Florence Demourant-Nef, thérapeute spécialisée dans le TSA.
Une graduation de la bienveillance à la violence
Inspiré du « violentomètre » utilisé pour lutter contre les violences faites aux femmes, cette version dédiée à l’autisme utilise un code couleur allant du vert au rouge.
L’échelle va de comportements respectueux comme « écouter un besoin exprimé et y répondre concrètement » à des actes de violence verbale ou physique liés aux spécificités autistiques de la personne.
Pour Pauline, diagnostiquée TSA à 30 ans, cet outil a été une révélation :
« C’est la première fois que je me suis sentie légitime dans mon ressenti. J’ai compris que je subissais des violences que personne ne voyait. »
Des témoignages poignants et éclairants
Le projet est aussi né de milliers de récits personnels :
« Quand j’ai découvert ce violentomètre, j’ai eu honte. J’ai reconnu des choses que j’ai dites à mon fils, comme “fais un effort”. Pas par malveillance, mais par ignorance », confie Laura, mère d’un adolescent autiste.
L’objectif ? Aider les familles et l'entourage à prendre conscience des gestes et paroles souvent banalisés, mais qui peuvent avoir un impact profond sur les personnes TSA.
Des données alarmantes pour nourrir l’outil
Pour bâtir ce violentomètre, les thérapeutes se sont appuyés sur :
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des statistiques sur le mal-être, l’isolement ou la dépression des personnes autistes (70 % ressentent un isolement chronique),
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des études sur les risques accrus de burn-out et de suicide dans la population TSA,
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et plus de 3 000 témoignages collectés via TikTok, Instagram et leurs consultations.
« L’idée était de créer un outil à la fois clair pour les personnes concernées, mais aussi pour leur entourage, afin qu’ils puissent se remettre en question sans culpabiliser, et comprendre ce qu’il faut changer », explique Florence Demourant-Nef.
Briser les clichés, changer les regards
Ce violentomètre vise aussi à rendre visible une réalité trop souvent ignorée :
« L’autisme, ce n’est pas rare ni caricatural. Statistiquement, vous avez plus de chances de croiser une personne autiste qu’un roux ou un Quentin », ironise la thérapeute.
« On ne demande pas à un aveugle de regarder la télé. Alors pourquoi demander à un autiste de se fondre dans un moule ? »
Un outil déjà diffusé à grande échelle
Le violentomètre autistique est désormais diffusé dans des associations, des établissements scolaires et des commissariats. Il a même été traduit dans plusieurs langues, du slovaque à l’espagnol.
Un petit outil, mais un grand pas vers une société plus inclusive et bienveillante.
source:20Minutes
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