Adieu à la voix du "Dabadabada" : Nicole Croisille s’éteint à 88 ans, légende discrète de la chanson française
Adieu à la voix du "Dabadabada" : Nicole Croisille s’éteint à 88 ans, légende discrète de la chanson française
Chanteuse, comédienne, danseuse : Nicole Croisille, inoubliable interprète du thème d’Un homme et une femme, est décédée dans la nuit du 3 au 4 juin 2025 à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie, a confirmé son agent. Icône de la chanson française des années 70, elle laisse derrière elle une œuvre singulière, riche, et profondément marquée par l’élégance.
Une voix, un souffle, un "dabadabada"
C’est avec ce motif entêtant signé Francis Lai qu’elle touche la célébrité en 1966. Un homme et une femme, film de Claude Lelouch, lui offre une renommée internationale. Mais Nicole Croisille, ce n’est pas qu’un refrain mythique : c’est aussi une carrière pluridisciplinaire menée avec passion et discrétion.
Des planches aux studios, une artiste complète
Formée au chant lyrique à l’Opéra, au mime auprès de Marcel Marceau, et au théâtre à la Comédie-Française, Nicole Croisille commence comme danseuse. À 17 ans, elle entre au ballet, puis rejoint la troupe de Joséphine Baker, avant de tourner aux États-Unis avec Marceau.
À Chicago, elle chante du jazz au Playboy Club. En 1961, elle sort son premier 45 tours — une reprise de Ray Charles — et partage la scène de l’Olympia avec Jacques Brel. Mais la vague yéyé la relègue un temps dans l’ombre. Elle rebondit à Broadway en meneuse de revue.
L’âge d’or des années 70
C’est dans les années 70 que Nicole Croisille impose sa voix puissante et sensible. Parlez-moi de lui, Téléphone-moi, Une femme avec toi deviennent des tubes. La presse la salue comme « la plus belle voix de 1975 », tandis que Lelouch continue de lui confier les génériques de ses films (Les Uns et les Autres, Vivre pour vivre...).
Elle incarne alors un modèle de chanteuse à voix, inspirant plus tard des artistes comme Patricia Kaas ou Lara Fabian.
Une femme libre, fidèle à la scène
Célibataire assumée, sans enfants, elle confiait à Paris Match en 2017 : « Je n’ai chanté que des chansons d’amour, et je sais ce que j’ai apporté aux gens. » Sa famille, disait-elle, c’étaient la chanson… et ses lévriers.
Son dernier grand succès populaire : Le Blues du businessman (adapté pour Itinéraire d’un enfant gâté en 1985). Elle se tourne ensuite vers le jazz (Jazzille, Black et Blanche) puis la bossa nova (Bossa d’hiver, 2008).
Jusqu’au bout de la scène
Inépuisable, Nicole Croisille continue à monter sur scène bien après ses 80 ans. En 1992, elle réalise son rêve en jouant le rôle-titre de Hello, Dolly! à Paris. En 2019, elle incarne avec humour une ancienne maîtresse de Michel Sardou dans une pièce de Sacha Guitry : « À mon âge, je n’aime que les gageures », lançait-elle alors, espiègle.
Une étoile discrète, mais inoubliable
Avec sa disparition, la chanson française perd une voix rare, un tempérament indépendant et une artiste totale. Le public, lui, gardera longtemps en mémoire ce souffle doux, rythmé, éternel : Dabadabada…
source:actu.fr
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