Meta Enterre le Fact-Checking : Un Tournant pour Facebook et Instagram
La fin des vérifications : Meta mise sur la "liberté d'expression"
Mark Zuckerberg a annoncé une décision majeure : la fin du programme de fact-checking sur Facebook, Instagram et WhatsApp. Le patron de Meta affirme que les « vérificateurs » nuisaient davantage à la confiance qu’ils ne la renforçaient, en raison de biais politiques. À la place, Meta adoptera un système de « notes communautaires », inspiré du modèle de la plateforme X (anciennement Twitter), dirigée par Elon Musk.
« Nous allons nous débarrasser des fact-checkers et les remplacer par des contributions de la communauté, en commençant par les États-Unis », a déclaré Zuckerberg dans une vidéo publiée le 7 janvier. Cette annonce marque un rapprochement inédit entre Zuckerberg et Musk, jusque-là rivaux acharnés. Musk a salué cette décision, la qualifiant de « cool » sur X.
Fake news : le risque d’une explosion
Jusqu’ici, Meta collaborait avec plus de 80 médias internationaux pour repérer et signaler les fausses informations. Parmi eux, l’Agence France Presse participait activement à ce programme dans 26 langues. Ce dispositif permettait de limiter la diffusion des contenus mensongers en réduisant leur visibilité et en avertissant les utilisateurs avec des articles contextualisés.
Avec l’abandon de ce programme, certains craignent une prolifération des fake news sur les réseaux sociaux de Meta. D’autant que Zuckerberg a annoncé vouloir réviser les politiques de modération pour lever les restrictions sur des sujets sensibles comme l’immigration et le genre. « Les récentes élections marquent un tournant culturel qui redonne priorité à la liberté d’expression », a justifié Zuckerberg.
Un virage conservateur assumé
Le siège des équipes « confiance et sécurité » de Meta, situé en Californie, sera transféré au Texas, un État bien plus conservateur. Selon Zuckerberg, ce changement vise à réduire les biais perçus parmi les équipes chargées de modérer les contenus. « Cela renforcera la confiance nécessaire pour mener ce travail », a-t-il précisé.
Ce repositionnement de Meta s’inscrit dans un contexte politique américain en mutation, marqué par le retour de Donald Trump au pouvoir. Depuis l’élection du président en novembre 2024, Zuckerberg a multiplié les gestes d’allégeance. En novembre, il a été invité à dîner à Mar-a-Lago, résidence du président, et Meta a fait don d’un million de dollars pour financer les cérémonies d’inauguration du mandat.
Un repositionnement stratégique pour Meta
L’annonce de Zuckerberg s’inscrit dans une stratégie plus large visant à séduire les conservateurs. Joel Kaplan, un proche de Trump, a été nommé à la tête des affaires publiques de Meta, tandis que Dana White, dirigeant de l’UFC et allié du président, a rejoint son conseil d’administration.
Ces choix semblent porter leurs fruits : Donald Trump a salué les efforts de Meta, affirmant que l’entreprise avait « fait beaucoup de progrès ». Toutefois, certains observateurs s’interrogent : cette décision résulte-t-elle d’une réelle stratégie ou de pressions politiques ? « Probablement », a lâché Zuckerberg lorsqu’on l’a interrogé à ce sujet.
Qu’en est-il en France ?
Pour l’instant, ces changements restent limités au territoire américain. Clara Chappaz, ministre déléguée à l’intelligence artificielle et au numérique, a précisé avoir échangé avec Meta France, qui assure que ces nouvelles fonctionnalités ne seront pas déployées en France « pour le moment ».
Avec cette évolution, Meta entame un tournant majeur dans sa politique de gestion des contenus. Reste à voir si cette approche plus permissive renforcera la liberté d’expression ou ouvrira les vannes à une vague incontrôlable de désinformation.
source:Capital
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